
L'itinéraire d'un chien-guide
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“Chère Dionysia, merci du fond du cœur pour votre message. Cela fait 5 ans et demi que nous nous investissons comme famille de parrainage, et après Sofia et Tosca, toutes les deux réformées, Yuka est devenue le premier ange à 4 pattes qui a partagé un morceau de notre chemin de Vie. C'est une chienne adorable et très pot de colle, attachante et fidèle. Je vous souhaite un immense bonheur avec elle. Nous ne sommes qu'un maillon d'une formidable chaîne de solidarité depuis la naissance d'un petit chiot qui deviendra un jour un formidable chien-guide et un compagnon de tous les instants. J'espère que vous partagerez avec elle la même belle complicité basée sur le respect et la confiance mutuelle, j'en suis sûre ! Aujourd'hui, nous avons rendu à Brenles Ambre, notre 4ème petite filleule. Je vous promets de vous contacter rapidement, mais ces prochains jours seront un peu pour nous dans l'attente du futur d'Ambre. Je vous ferai parvenir des photos de la jeunesse de Yuka dans notre famille, et en voici deux de son premier jour chez nous dans notre jardin le 10 août 2012. Je vous souhaite une douce première nuit peuplée de rêves d'avenir avec votre Yuka. Toute mon amitié”
Oh oui, Ariane, tout ce que tu m'écrivais dans ton premier WhatsApp, à propos de ma Yukalinette d'amour, et bien plus, s'est réalisé 🥰.




En ce 7 juin 2024, jour des 12 ans de Yuka (et d'Uranie, notre tigrée), je vais vous conter la fabuleuse histoire d'un chien-guide.
J'ai souvent l'occasion d'expliquer à des passants par quel processus nos adorables canidés sont devenus des anges à 4 pattes qui nous guident avec amour.
C'est ce que je m'apprête à faire ici.

La trajectoire de nos héros à 4 pattes, d'où qu'ils viennent et quelle que soit l'école qui les a formés, est relativement similaire. Je dis bien «relativement similaire» et pas «rigoureusement pareille». Dans cette page, je vais retracer, dans les grandes lignes, les étapes que traversent les chiens-guides, en me centrant plus spécifiquement sur leur parcours au sein des structures que je connais le mieux, à savoir celles qui ont formé Yuka et Kira. Ne soyez donc pas surpris si ce que vous découvrirez ne correspond pas tout-à-fait à ce qui se passe dans une école que vous connaissez.
En Suisse, nous avons 4 écoles de chiens-guides membres de l'
IGDF (International Guide Dog Federation).Les écoles de Yuka et de Kira, à savoir la
fondation romande pour chiens guides d'aveugleset la
Fondation école suisse pour chiens d'aveugles Allschwilont leur propre élevage.
C'est dans la nursery de leur école respective que mes deux jolies noiraudes ont été photographiées avec leur portée. Les deux écoles élèvent et forment principalement des labradors Retriever, la race emblématique du chien-guide. Ce chien intelligent, adaptable, débonnaire, est le plus répandu parmi les chiens-guides en Suisse et au niveau mondial.
Les deux autres écoles helvètes, la
Verein für Blindenhunde und Mobilitätshilfen (VBM)à Liestal et la
Stiftung Ostschweizerische Blindenführhundeschule (OBS)à Goldach, préfèrent s'adresser à des éleveurs expérimentés. Toutes deux forment diverses races de chien, telles que des labradors et goldens Retriever, des bergers allemands, des bergers blancs suisses, des barbets…
Gérer un élevage implique une grande responsabilité éthiquement parlant et de grandes connaissances en matière de génétique. Les personnes qui gèrent l'élevage sont chargées de sélectionner les chiens qui deviendront parents et organiser les combinaisons en fonction des génotypes et phénotypes. Il va sans dire que ce travail nécessite une connaissance approfondie sur le comportement des chiens et les maladies canines et un travail rigoureux pour s'assurer du bien-être des parents et de leur progéniture.
Afin de diversifier un maximum les gènes, les écoles de chiens-guides européennes et américaines collaborent étroitement. C'est ainsi par exemple que l'école de Yuka a accueilli, durant 6 mois, en 2012, Panther, un labrador Retriever noir issu de la
Guiding Eyes for the Blind.Ce magnifique étalon s'est accouplé avec Shila, qui a eu sa première portée : Yuka et ses 7 frères et sœurs.
Tout comme les autres chiens de leur école, les chiens d'élevage vivent dans une famille. Cette dernière s'engage à amener le chien parfois à plusieurs reprises, pour les saillies.
J'ai eu la chance de faire connaissance avec la famille de parrainage de Shila, la mère de Yuka, sur Facebook et de pouvoir remonter plus haut dans l'histoire de mon adorable retraitée. C'est dans le canton de Neuchâtel qu'a grandi Shila, née le 2 avril 2009, que nous voyons ici, avec toute sa portée.

À l'issue de son parrainage, la douce Shila a été sélectionnée comme chienne d'élevage. Elle est restée dans famille qui l'a élevée.
Magali, la marraine de Shila, m'a envoyé des photos qui n'étaient pas en possession d'Ariane, la marraine de Yuka. Parmi ces photos, il y avait cette émouvante radiographie faite le 25 mai 2012, dans laquelle 7 des 8 têtes étaient visibles.

Ce jour-là, Shila était sur le départ pour la nursery qui l'avait vu naître 3 ans plus tôt, et où elle allait mettre bas le 7 juin.
Yuka et ses frères et sœurs s'apprêtaient à passer leurs 10 premières semaines avec leur mère. Pour la famille de Shila, cela impliquait une séparation de 12 semaines.

C'est cette même magie qui a eu cours, 8 ans plus tard, à Allschwil, l'école de Kira. Voici Ulka, avec, qui sait, Kira ? À moins que ce ne soit Kosmos qui accompagne aujourd'hui un enfant autiste ? Impossible de dire de quel petit il s'agit.

C'est précisément aujourd'hui, le 14 juillet 2024, alors que je suis occupée à rédiger la suite de cette présentation, que Kira et ses frères et sœurs fêtent leurs 4 ans.
Ce n'est pas à la portée de Kira que j'ai pu faire des papouilles lors de ma visite à Allschwil au début du processus de demande d'un chien-guide, puisque les petits avaient déjà tous 4 mois. Ils avaient tous été confiés à leur famille de parrainage respective.
Pour moi, la visite de la nursery a été un moment extrêmement émouvant.

Il m'est impossible de résister à la tentation de partager ce petit film, fait par Stéphanie, qui m'avait reçue à la Fondation, alors que deux petits aventuriers avaient tenté de s'emparer de ma canne blanche lorsque je tentais de repartir.

Après ses premières semaines passées auprès de sa mère et de ses frères et sœurs, notre apprenti chien-guide va découvrir un tout nouvel univers : celui de sa famille de parrainage.
Cette famille, sans qui rien ne serait possible, ont une belle mission : aider le chiot à grandir, à s'épanouir, à découvrir le monde et à acquérir les bases qui lui permettront un jour de devenir l'ange à 4 pattes d'une personne déficiente visuelle.
La personne responsable du chiot doit pouvoir lui consacrer beaucoup de temps et d'attention. Si elle travaille, elle doit pouvoir l'amener avec elle.

Elle a un rôle crucial dans son développement et veille à ce qu'il soit heureux, équilibré, à l'aise dans tous ces lieux de vie.
Elle va aussi lui apprendre à répondre correctement aux commandes de base : «ferma», «sed», «a terra», «piede, «posto» c'est-à-dire\ : «debout» «assis», «couché», «au pied» et «va à ta place».
Le chiot apprend à rester calme à la maison et dans les lieux publics et tout ceci est rendu possible parce que sa famille de parrainage lui offre suffisamment d’occasions de se dépenser et d’interagir avec ses congénères lors de belles balades.
Puisqu'il est destiné à devenir chien-guide, le chiot doit être progressivement confronté aux environnements qu’il rencontrera dans sa future mission. Aussi, même si sa famille de parrainage habite à la campagne, elle va devoir lui faire très régulièrement découvrir la ville et ses multiples stimulations : transports en commun, magasins, rues animées… Il va sans dire que le chiot a un droit d'accès dans tous les lieux publics s'il est muni d'une chabraque (gilet), fournie par son école, qui indique clairement qu’il est en formation pour devenir chien-guide.

Au fil des mois, le chiot apprend ainsi à évoluer avec aisance et à gérer les situations nouvelles sans stress. Son parrain ou sa marraine n’est jamais seul dans cette aventure : il ou elle bénéficie d’un suivi régulier, participe à des rencontres et des journées d’entraînement organisées par l’école. Ces moments d’échange permettent d’affiner son éducation et d’évaluer ses progrès.
Cette période est une étape cruciale, à la fois remplie de moments tendres et de défis. Mais une chose est sûre : chaque chien qui passe par ce parcours est entouré d’amour et de bienveillance, et cela fait toute la différence pour la suite de son parcours.

Je peux d'autant plus en témoigner que j'ai la chance de côtoyer les familles de parrainages de mes deux chiennes-guides.
Cela fait 10 ans que nous rencontrons régulièrement Ariane, la marraine de Yuka, qui continue sa mission de parrainage, pour partager des balades avec les chiots qu'elle parraine. C'est ainsi que Yuka a pu s'amuser avec Balou, Dasha (sa grande amie), Ethos, Gioia, Hélice, Joey. Nous attendons avec impatience de connaître le futur chiot qui arrivera bientôt.

Nous connaissons 3 générations de cette sympathique famille.

Nous avons aussi la chance d'avoir développé une amitié avec la famille de parrainage de Kira, qui guide mes pas depuis presque 2 ans\u00A0: Sirja, Stefan et leur 3 enfants. Ils ont répondu «présent» à lorsque nous avons fêté mon 60ème anniversaire, date où a été prise cette photo avec eux et cela m'a beaucoup touchée. Les enfants étaient tout jeune lorsque Kira est arrivée dans leur vie, comme nous le révèle le film qui résume leur merveilleuse aventure.

Ces deux familles accueillent aussi volontiers leur filleule pour des vacances pour nous dépanner. Ariane était là lorsque je me suis fait opérer de l'épaule droite, lorsque nous avons dû nous rendre dans une pays non exempt de rage et lorsque ce n'est pas possible, une autre famille bénévole accepte volontiers de prendre le relais.
Notre ascenseur étant en travaux au moment où j'écris ces lignes, nous avons envoyé Yuka en vacances chez Françoise, la marraine de sa sœur Yin. À presque 13 ans, il est hors de question qu'elle monte et descende régulièrement 8 étages. Yuka a donc vécu presque 3 semaines dans la campagne genevoise tout près de son frère Yoda qu'elle a eu l'occasion de revoir

Après une semaine de ce même exercice, Kira est partie elle aussi dans sa famille de parrainage en Argovie, pour le plus grand bonheur de toute la famille. Les enfants ont retrouvé leur camarade de jeux, et Sirja va introduire une visite d'exception dans l'école où elle enseigne à des enfants à besoins particuliers. Ils vont étudier les chiens-guides et j'aurai le plaisir d'avoir un FaceTime avec toute la classe dans la langue de Gœthe. (Eh oui, tant da sa famille qu'à son école, ma Kiralibchen a entendu du suisse allemand 😀). Sirja a aussi prévu de visiter Allschwil avec toute la classe.



👩💻 En cours de rédaction.👩💻

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