“Qu’est-ce que signifie «apprivoiser» ?
– C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie «Créer des liens…»
– Créer des liens ?
– Bien sûr, dit le renard. Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu’un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…
– Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur… je crois qu’elle m’a apprivoisé…”

de SAINT-ÉXUPÉRY Antoine, Le Petit-Prince


Mes deux «labrad’orettes», j’en suis certaine, elles m’ont apprivoisées 🥰

Notre histoire

En 2015, après avoir entamé les démarches en vue d’obtenir mon premier chien-guide, je créais un blog dont le nom de domaine m’avait été inspiré par le célèbre «S’il vous plaît, dessine-moi un mouton !» du Petit-Prince.

Comme tout futur détenteur, j’attendais avec impatience d’être contactée pour que l’on me présente l’élu qui avait été retenu pour moi. Vais-je recevoir un mâle ou une femelle ? Mon labrador sera-t-il beige, chocolat ou noir ? Quel sera son nom ? Il va sans dire que j’avais déjà parcouru le site de la

Fondation romande pour chiens-guides d’aveugles

en long en large et en travers et savais que je pourrais en savoir un peu plus sur le chien à la seule connaissance de son prénom !

L’attente était… pas simple ! Je pensais à ce coup de fil tant attendu jour et nuit. Ça ne pouvait plus durer, il fallait que je puisse me trouver une occupation.

Ayant toujours eu l’amour des mots, j’eus l’idée, en février 2015, de tenir un blog. Je pourrais mettre des mots sur cette attente… Par la suite, ce serait une manière créative de témoigner ma gratitude à l’égard de la famille de parrainage de mon futur chien-guide qui pourrait recevoir très régulièrement des nouvelles de l’ange à 4 pattes qu’elle avait choyé et visionner de nombreuses photos et vidéos de celui qui avait été son petit protégé.

Il y avait quelque part en Suisse une famille généreuse qui avait donné bénévolement de son temps pour permettre à un petit labrador de devenir un chien bien dans ses coussinets et de remplir un jour une mission extraordinaire auprès de l’illustre inconnue que j’étais pour elle ! C’est si beau, si noble, cela me rendait (et me rend encore) très émotive d’y penser !

Ariane et 3 des chiens qu'elle a parrainés pour la Fondation Romande de chiens-guides. Elle est accompagnée de Joey, son 10ème chiot. À sa gauche, Ethos, qui guide urbi et orbi Patrick, son détenteur. À sa droite, Yuka, ma jeune retraitée qui se promène maintenant avec David

Je n’ai pas eu à attendre longtemps. 2 semaines plus tard, l’appel tant attendu est arrivé. J’ai appris que je me verrais confier une femelle labrador noire qui répond au doux nom de Yuka.

J’ai mis beaucoup de cœur à nourrir ce blog avec des textes dont le style et le genre de contenu variait beaucoup. Certains articles avaient pour but de sensibiliser le public au sens large sur la sécurité des binômes détenteur et chien-guide, sur les droits d’accès, sur le handicap en général et la déficience visuelle en particulier. D’autres articles prenaient la forme de petits coups de gueule. Mais l’immense majorité faisaient le récit des exploits de celle que je surnommais affectueusement ma Ferrari noire à la truffe supersonique.

Après 8 ans de bons et loyaux service, il était temps de lui offrir une retraite bien méritée. Ayant la chance de partager ma vie avec David, qui s’est également attaché à Yuka, j’ai la possibilité de la garder une fois qu’elle sera retraitée, sous les bons soins de l’homme de ma vie, et recevoir un nouveau chien-guide.

Je me suis donc mise en liste d’attente à la fois à l’école de Yuka et à la

Fondation école suisse pour chiens d’aveugles Allschwil.

C’est Allschwil qui m’a contactée en premier pour me présenter Kira, une autre femelle labrador noire qui me sera remise en 2023.

À ce moment là, j’ai eu l’idée de suivre un cours de codage pour pouvoir créer un site de A à Z afin d’y héberger les articles informatifs que j’avais rédigés, en français mais aussi dans les langues que j’avais commencé à approfondir dans le courant de l’année 2022 grâce à des cours particuliers via Preply, une application qui nous permet de nous rencontrer dans une classe virtuelle.

C’est le site qui s’appellera désormais «S’il te plait, dessine-moi un chien-guide !». Le blog fera peau neuve, avec un nouveau nom, et retracera désormais les moments de bonheur que je partage avec Yuka et Kira, sans oublier les autres membres de ma belle famille, David et nos deux minettes qui portent avec panache des noms issus de la mythologie grecque. Notre tricolore, née le 14 juillet 2006, s’appelle Euterpe du nom de la Muse de la Musique. Notre tigrée, Uranie, du nom la Muse de l’Astronomie et de l’Astrologie, est née le 7 juin 2012. Synchronicité incroyable : Yuka est née le même jour qu’Uranie. Quant à Kira, elle est née le 14 juillet 2020, le jour où Euterpe fêtait son 14ème anniversaire !

Vous connaissez maintenant ma petite famille.

Dans la mesure du possible, dès 2023, je rédigerai les articles du blog en français et en allemand puisque c’est la langue principalement parlée dans l’école de Kira.

Qui suis-je ?

Je m’appelle Dionysia.

Je suis née à Bienne, dans le canton de Berne, en Suisse où j’ai suivi toute ma scolarité obligatoire ainsi que le gymnase jusqu’à la maturité type A (= le baccalauréat classique avec latin et grec ancien).

Après quelques années d’études d’orthophonie à l’Université de Neuchâtel, je me suis orientée en psychologie à l’Université de Genève où j’ai obtenu mon master.

J’habite à Genève où j’ai passé plus de la moitié de ma vie et je vis en couple avec David.

J’ai une jeune sœur, Nicole, née 16 mois après moi qui a eu 2 filles : Stéphanie et Debby. Stéphanie, l’aînée, qui est aussi ma filleule, a eu un fils au mois d’octobre dernier. Je suis grand-tante ! C’est moins fun que grand-mère, mais c’est cool quand même !

J’ai grandi avec plusieurs particularités :

Je suis née avec un strabisme congénital, une anisométropie et un nystagmus latent avec déviation verticale dissociée. Mon amblyopie à l’œil droit a été découverte tardivement, à 3 ans, lorsque j’ai enfin été vue en consultation par un ophtalmologue. Mon acuité visuelle à l’œil gauche était alors sub-normale.

C’est à l’adolescence que l’acuité de mon œil gauche a commencé à baisser. Un glaucome bilatéral à angle ouvert a été diagnostiqué le mois de mes 30 ans.

J’étais quadra lorsque j’ai poussé la porte d’un service dédié à la déficience visuelle.

J’approchais de la cinquantaine lorsque ma super opticienne,

Karin Schwarz

, spécialisée en basse vision et formatrice à

l’UCBA (Union centrale pour le bien des aveugles)

, a su mettre des mots sur des symptômes gênants que j’éprouvais depuis l’enfance et que personne n’avait su expliquer. J’ai un syndrome fort peu connu, le syndrome de Meares-Irlen (ou d’Irlen). Il sera décrit ailleurs dans ce site.

Il faut dire que les symptômes inexpliqués dès l’enfance sont un peu ma marque de fabrique. J’ai reçu plusieurs diagnostics à l’âge adulte. Je n’en indiquerai que deux qui ont été posés à l’aube de la cinquantaine : un trouble du spectre autistique (TSA) et un syndrome d’Ehlers-Danlos de type hypermobile (SEDh).

Si je nomme ces spécificités, c’est parce qu’elles font partie de moi, ont un impact dans ma façon d’être, de gérer mon quotidien, de communiquer et d’exprimer ma ma créativité. Ce site en sera le reflet immédiat et j’aurai l’occasion d’y revenir pour expliquer ces syndromes, qui concernent d’autres personnes déficientes visuelles, et partager quelques astuces et articles.

Portrait chinois :

– Si j’étais un pays, je serais la Grèce.
– Si j’étais un instrument de musique, je serais un bouzouki.
– Si j’étais un plat, je serais un assortiment de mézès crétois.
– Si j’étais un fruit, je serais une pastèque.
– Si j’étais une série télé, je serais Grey’s anatomy.
– Si j’étais un film, je serais Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre.
– Si j’étais un héros, je serais Docteur Dolittle.
– Si j’étais un animal, je serais un dauphin.
– Si j’étais un personnage dans Harry Potter, je serais Luna Lovegood.
– Si j’étais un super pouvoir, je serais le transplanage.
– Si j’étais un actrice, je serais Isabelle Nanty.
– Si j’étais un livre, je serais «Mon bel oranger» de José Mauro de Vasconcelos.
– Si j’étais un groupe musical, je serais ABBA.
– Si j’étais un chanson, je serais Forrest de Soprano.

Centres d’intérêts :

La mythologie (particulièrement pour la mythologie greco-latine). L’étymologie. Les langues (surtout le grec et l’italien), la linguistique, la traduction. L’informatique. Les sciences (médecine en particulier).

C’est le clip de

Soprano, Forrest, Chasseur d'étoiles, 2021

qui clora cette présentation.

Transcription des paroles :

Forrest
cours
Cours, Forrest
Forrest
Cours

Je raisonne pas trop comme les autres
J’ai des rêves pas trop dans les normes
Est-ce ma faute si je fais les choses
Quand le cœur m’en donne l'ordre ?
J’en ai souffert sur les bancs de l’école
De cette différence

Les murmures que portent mon dos
Ont parfois fait saigner mon cœur
Mais je sais que c’est un cadeau
De ne pas fairе partie des suiveurs
J'еn ai souffert sur les bancs de l'école
De cette puissance

Car je cours
À contre-courant
Vers ce qui me maintient en vie
Cette liberté d’être qui je suis
Oui, je cours
À contre-courant
Même si le monde ne me comprend pas
Ça n'a pas de prix d’être soi

J'ai toujours cru en ma bonne étoile
Donc j'ai couru en fermant les yeux
J'ai déplacé des tas de montagnes
Avec la force de mes vœux
Aujourd’hui, je connais ma différence
Et c'est une chance

Car je cours
À contre-courant
Vers ce qui me maintient en vie
Cette liberté d’être qui je suis
Oui, je cours
À contre-courant
Même si le monde ne me comprend pas
Ça n'a pas de prix d’être soi

Forrest
cours
Cours, Forrest
Forrest
Cours

Yuka

Comme tous les chiens de la Fondation romande pour chiens guides d’aveugles, Yuka est un labrador. C’est une femelle de couleur noire, née le 7 juin 2012.

Son père, Panther, est issu de la

Guiding Eyes for the Blind

. J'ai reçu une magnifique photo de leur part, accompagnée du commentaire suivant : «Voici Guiding Eyes Panther 🙂 C'est un beau garçon et il a eu 146 chiots avant d'être mis à la retraite !».

Shila, sa mère, est elle aussi née à la fondation, le 2 avril 2009. Elle a donné 2 portées à l’école. Yuka est issue de la première. Shila est aussi beige que ses 8 petits sont noir.

Les petits ont passé leurs 9 premières semaines dans la nursery de la fondation, avec leur mère bien entendu, avant de rejoindre leur famille de parrainage respective. Yuka a vécu sur les hauteurs de Lausanne, dans le canton de Vaud jusqu’à ses 18 mois, tout près de sa sœur Ybsi qui grandissait dans une famille de parrainage proche de la sienne. Tout comme sa mère, Ybsi a donné 2 portées à la Fondation.

L’éducatrice de Yuka est venue me voir à mon domicile le 2 mars 2015 pour me la présenter. À peine avait-elle été lâchée dans l’appartement qu’elle est venu me voir. J’ai tout de suite eu un énorme coup de cœur pour cette chienne malicieuse. Le 13 mars, elle réussissait brillamment son examen et le 30 mars, elle déposait son posto pour la vie chez moi. (NB les signaux verbaux sont donnés en italien simplifié à tous les chiens-guides en Suisse. Le «posto» désigne le lit du chien).

À entendre David, l’homme de ma vie, Yuka et moi sommes fusionnelles. Elle m’inspire tellement d’amour qu’aucun mot ne serait assez puissant pour le traduire. Mais il n’y a pas que moi qui lui suis extrêmement attachée. Lui aussi adore Yuka. Pas plus que moi, il ne peut s’imaginer la voir partir lorsqu’elle sera retraitée (nous sommes en mai 2023, à l’heure où j’écris ces lignes). Elle fait partie intégrante de la famille au même titre qu’Euterpe et Uranie ! Nous avons demandé à la Fondation à pouvoir la garder définitivement et la réponse fut positive. Nous continuerons de la choyer et serons avec elle jusqu’à son dernier souffle. David se réjouit d’avoir également SON chien, comme il le dit avec fierté.

L’âge avançant, Yuka a commencé à me faire comprendre qu’elle ne souhaitait plus trop travailler. Aussi, je me suis inscrite dans 2 écoles pour un renouvellement : à celle de Yuka ainsi qu’à la Fondation école suisse pour chiens d’aveugles Allschwil.

Au même moment, nous avons commencé à préparer notre pré-retraitée à sa future vie. Yuka avait pris l’habitude d’être avec moi la plupart du temps. C’est exclusivement par moi qu’elle avait été nourrie et brossée. Bien sûr, elle aime aussi beaucoup la compagnie de David, elle joue aussi avec lui. Mais dès que je m’éloigne, elle cherche à venir avec moi.

Nous avons donc commencé une transition : c’est David, désormais, qui promène Yuka le matin et qui lui donne son premier repas. C’est également lui qui la sort pour son dernier stacca (= ses besoins). Ainsi, Yuka aura pris l’habitude de se promener avec David et associera ce moment privilégié à un moment de plaisir. Pas à la frustration de ne pas se promener avec moi, surtout si ce changement était intervenu à l’arrivée de sa jeune congénère, laquelle va de plus beaucoup m’accaparer. Bien sûr, je continuerai à lui consacrer des moments privilégiés.

Une jeune amie qui vient d’avoir sa deuxième fille m'a dit, lorsque je lui racontais ce que nous mettons en place, avec Yuka : «On dirait que ça fonctionne comme l'accueil d'un deuxième enfant pour que le premier ne se sente pas délaissé 😜».

Kira

C’est la Fondation d’Allschwil qui m’a contactée en premier pour m’informer qu’ils avaient une chienne à me proposer : Kira, née le 14 juillet 2020.

Si Yuka m’avait été présentée à mon domicile, j’ai demandé cette fois-ci à faire moi-même le déplacement à Allschwil car je trouvais très important que les 2 chiennes puissent faire connaissance dans un endroit neutre. Je voulais également m’assurer que le courant passe bien entre ces 2 labradors. Yuka est très expressive, aussi je savais que je verrais très vite si quelque chose ne fonctionnait pas avec Kira.

J’ai rapidement pu constater que tout allait bien. Dès qu’elles ont été relâchées dans un espace vert clôturé, les deux chiennes ont remué la queue et se sont amusé à se courir après. C’était magnifique de les voir. Ouf, elles se plaisent ! Son éducatrice m’a dit que Kira était une chienne qui communiquait très bien et qui savait arrêter de relancer un congénère pour jouer si son partenaire de jeu n’en avait plus envie. Ça tombe bien parce que si Yuka aime bien se dépenser et court encore vite, elle se fatigue évidement plus vite et n’apprécie pas des demandes insistantes quand elle en a assez.

Avec moi, ça a immédiatement bien fonctionné. Que ce soit à la laisse, en liberté, ou au travail. Que du bonheur.

Voici une vidéo sur ma chaîne YouTube qui résume notre rencontre avec Kira : les tous premiers instants où Yuka et Kira ont fait connaissance car nous ne voulions rien rater de leur rencontre. Après ce magnifique échange, cette vidéo se poursuit avec les premiers pas que Kira a fait à la laisse avec moi, au moment où nous nous sommes mises au diapason après que je l'aie réinvité à plusieurs reprises à revenir aux pieds.

J’ai rapidement été conquise et attends sa remise avec impatience. (Je rappelle que j'ai écrit cette présentation un an avant sa mise en ligne).

Je vous attends avec impatience !

Genève, le 8 mai 2024